Rien que pour le mois de juillet 2022, le producteur d’électricité Romande Energie affiche une chute de 60% de la production hydroélectrique de ses centrales au fil de l’eau par rapport à une année moyenne.
La dernière centrale mise à l’arrêt, celle de Rivaz (VD) la semaine dernière, produit l’équivalent de la consommation électrique de 570 ménages. Mais en 2022, sa production a souvent été arrêtée. « Depuis le début de l’année, on a eu 67 jours sans production. C’est un record, on n’a jamais vu ça », confie au 19h30 Damien Marclay, responsable des actifs hydrauliques chez Romande Energie.
Le producteur romand annonce également qu’un tiers des installations hydroélectriques au fil de l’eau sont en ce moment à l’arrêt.
Barrage du Châtelot à sec
Dans les montagnes neuchâteloises, c’est le barrage du Châtelot, exploité par le Groupe E, qui est en déficit chronique d’eau depuis plusieurs années. Régulièrement, le Doubs s’assèche sur une partie de son tracé en France et peine à alimenter la région en eau.
Pour maintenir le niveau de son réservoir, le Groupe E a donc mis à l’arrêt quatre turbines sur cinq depuis le mois de juin. Mais cette mesure, pour l’instant, ne suffit pas: « Le niveau est en baisse constante, on perd environ 20 centimètres par jour », explique un employé au 19h30. Le débit minimum nécessaire à alimenter l’aval de la rivière sera donc encore réduit.
Pourtant, les équipements tournent déjà au ralenti. Seule la plus petite turbine au pied de la digue fonctionne, d’une capacité de 2000 litres par seconde. Or, la capacité de l’ensemble des groupes de production de la centrale du Châtelot est normalement de 40’000 litres par seconde, détaille Jean-Marc Bourqui, responsable de la conduite des ouvrages Groupe E. La production hydroélectrique est donc actuellement divisée par 20.
Situations diverses en Valais
Du côté des barrages valaisans, certains sont à sec tandis que d’autres bénéficient de la fonte des glaciers. Dans le Haut-Valais, celui de Gebidem déborde depuis une semaine en raison de la fonte massive du glacier d’Aletsch, qui sature les capacités de turbinage et de stockage. Chaque seconde, jusqu’à 75’000 litres d’eau jaillissent dans le vide.
Mais cette situation exceptionnelle est loin d’être généralisée. « D’autres barrages dépendent, eux, de l’eau de pluie, donc leur niveau est plus bas », explique Arnaud Schaller, membre de la direction de la société Hydro Exploitation. C’est le cas par exemple du réservoir de Salanfe, dont le niveau a baissé d’une quinzaine de mètres, soit un déficit de plus de 8 millions de mètres cubes d’eau par rapport à la moyenne.
Malgré ces fortes disparités, le taux de remplissage moyen des bassins du pays est de 66,1%, un taux qui reste dans la moyenne pour la saison, mais qui peinera à grimper si la sécheresse persiste, suscitant l’inquiétude des producteurs.
Car la Confédération leur demande de constituer des réserves d’énergie hydraulique pour l’hiver, afin de limiter les risques de pénurie. Et seul un automne pluvieux permettra de remplir l’ensemble des barrages.
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