5 maires du Chablais face à la gestion de l’eau
Le manque de pluie depuis le début de l’année génère une sécheresse exceptionnelle pour les nappes phréatiques et inquiétantes pour les cours d’eau. Dans le Chablais, toutes les communes ne sont pas logés à la même enseigne.
Depuis le 10 juin, les habitants d’Anthy-sur-Léman sont soumis à un arrêté municipal encore plus strict que l’arrêté préfectoral du 20 mai qui restreint l’usage de l’eau dans 25 communes du Bas-Chablais. Par exemple, l’arrosage des pelouses y est interdit, quelle que soit l’heure. « Les ressources en eau s’amoindrissent, justifie Isabelle Asni-Duchêne, maire de la commune. Durant ces dernières semaines, plusieurs ruptures d’approvisionnement ont eu lieu. » Si les Anthychois ne s’en sont pas forcément aperçus, c’est que depuis quelques années, la commune, alimentée par une unique source d’eau potable depuis les années 30, est connectée avec le réseau thononais, permettant de fournir un complément en période de sécheresse. « Pour autant, cet apport ne peut-être que ponctuel. Il va falloir modifier nos habitudes. »
A Bons, la population est en hausse de 9,6 % entre 2013 et 2019 (chiffre Insee). L’eau potable est au centre de toutes les attentions. « Nous sommes en bout de réseau donc nous sommes en tension pour alimenter les habitations, affirme Olivier Jacquier, le maire. Ça veut dire qu’il y a trop de gens qui sollicitent le réseau. » Une seule cause selon lui : « C’est l’urbanisation, faut pas se leurrer. »
Il cite le cas du hameau des Granges : « Il y a eu une alerte en 2020 : on était à deux doigts de faire des rotations avec des camions-citernes ! »
En mai dernier, lors d’un incendie, les pompiers sont montés avec des camions-citernes car il n’y avait peu, ou pas assez, d’eau délivrée par la borne incendie.
Ainsi, la municipalité a pris une décision. « Nous n’accordons plus de permis de construire pour les grands ensembles tant qu’on n’est pas certains que la capacité du réseau puisse supporter une croissance de population. Pour ceux déjà accordés, nous temporisons. »
A l’été 2018, Nicodex, hameau de La Baume, avait dû être alimenté par des citernes. En cause : la hausse de la population liée au tourisme et la sécheresse.
Il y a encore quelques jours, on était inquiet. Mais avec les dernières pluies, on l’est un peu moins, confie aujourd’hui Jean-François Menoud, maire de ce village de 300 âmes. Mais c’est toujours une épée de Damoclès. Comment l’été va se passer ? On verra. »
Si le chef-lieu de la Baume, situé à l’ouest de la Dranse, est approvisionné par « une bonne source », ce n’est pas le cas de Nicodex, alimenté par un captage situé à 1,5 km de là. Son débit, de 5m3/jour, correspond à la consommation quotidienne des habitants. Ni plus ni moins. « S’il y a la moindre fuite… Or le réseau est assez vétuste. Il faut le rénover et ça représente un investissement très élevé pour une commune comme la nôtre », souligne le maire qui précise attendre la réponse du Département quant à sa demande de subvention. Montant des travaux : 900 000 euros.
Jusqu’en 2019, la commune du Gavot figurait souvent parmi les villages du Chablais en manque d’eau potable. Ainsi, après plusieurs mois de sécheresse, à l’automne 2018, la maire de la commune alertait : « Deux sources sur trois sont taries et la commune se voit contrainte de s’approvisionner en eau potable sur les sources de Saint-Paul-en-Chablais. » Depuis, Féternes a retrouvé son indépendance grâce à la construction d’un réservoir de 1 000 m3 inauguré en 2019. « Ce réservoir, construit sur le site de Champeillant, nous a permis d’être totalement autosuffisants », souligne Maxime Julliard, maire actuel. Le site puise notamment ses réserves dans l’étang de Chez Portay.
Le maire du Lyaud n’a, de son côté, aucun problème d’alimentation. « La commune a suffisamment d’eau », assure Jo Déage. Rappelons que le village fournit, via la source des Blaves, 95 % de l’eau potable des Thononais ainsi « qu’une partie de l’ex-syndicat des Moises et des Voirons ». Et il lui en reste suffisamment pour alimenter ses propres habitants. « On a une source au pied des Hermones, qui n’est pas utilisée et qui peut alimenter, à elle seule, la commune pendant six mois, précise même l’élu. On a fait ce forage car on ne peut pas donner des permis sans assurer la qualité et la quantité de l’eau pour les habitants. »
Les fontaines, qui fonctionnent en circuit ouvert, ont tout de même été fermées, par précaution.
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